AU NIGER, CES ENSEIGNANTS VICTIMES DE VIOLENCES à L'éCOLE

" C'était à l‘heure de la recréation, on m'a alerté, on m'a dit qu'il y avait des badauds qui sont entrés dans la cour de l'école. Ils ont sauté par-dessus le mur. Je suis allé voir et j‘ai trouvé cinq personnes. Je leur ai demandé ce qu'ils faisaient ici, ils m'ont dit qu'ils étaient venus chercher leurs camarades. Je les ai grondés et il y en a un qui m'a dit qu'il ne fallait pas les gronder, sinon ils allaient m'attendre à la sortie et me tabasser. Je ne suis pas sorti et j'ai appelé la police."

Mamane Chaibou, directeur du collège Gamkallé à Niamey, témoigne ainsi suite à une altercation qu'il a eue avec des jeunes qui n'appartenaient pas à son établissement. Mais ce n'est pas la première fois qu'il est menacé. Mamane Chaibou a donc décidé de demander l'aide de la police pour sécuriser son établissement.

Un autre témoignage

Une autre enseignante de l'école bilingue Djerma Gamkalle a été frappée par la famille d'une élève qu'elle avait exclue de son cours.L'enseignante a été secourue par son directeur, Oumarou Ousmane.

Ce dernier précise que "l'enseignante a surpris la petite en train de tricher, donc elle a pris sa copie et elle a expulsé l'élève pour lui dire d'aller s'asseoir dehors jusqu'à ce qu'on finisse l'épreuve. La petite est partie à la maison informer sa maman, la maman est venue avec deux gaillards, elle vociférait et les deux gaillards la suivaient. En venant dans la cour, je les ai arrêtés, je leur ai demandé ce que c'était que ce vacarme, pourquoi ils étaient rentrés dans la cour de l'école comme ça… La mère a dit être venue régler son compte à l'enseignante qui avait chassé son enfant. Quand je leur ai dit que cela ne se faisait pas, les acolytes ont commencé à proférer des menaces. Je leur ai dit que soit ils quittaient la cour, soit j‘alertais la police. C'est ainsi qu'on a pu régler la situation."

D'autres affaires plus dramatiques

En mai 2022, à Guidan Alami, dans le département de Bouza, situé dans le sud-est du Niger, un différend à cause d‘un collier que portait un élève en classe de CM2 s'est terminé en drame. Celui-ci a tué son enseignant d‘un coup de couteau.

En avril 2024, un élève en classe de seconde d'un lycée de Niamey a été exclu et interdit d'inscription dans tous les établissements publics et privés de la capitale, pour une période de trois ans, après avoir fracturé l'avant-bras de son enseignant avec un gourdin.

Des agressions qui ont choqué l'opinion publique. Abdoul Nasser Nahantchi est parent d'élève et il estime que les parents sont les premiers responsables.

"Nous sommes dans une société où les parents n‘ont plus assez d‘influence sur les enfants" estime Abdoul Nasser. Selon lui cela fait "qu'aujourd‘hui, les enseignants sont exposés à cette insolence des enfants qui se manifeste physiquement et verbalement."

La "responsabilité" des enseignants

Abdoul Rahimou Hamidou est, lui, élève en classe de troisième au collège Gamkallé. Pour sa part, il souligne les comportements ambigus de certains enseignants envers les élèves féminines.

"C'est vrai, il y a beaucoup d'élèves parmi nous qui ne se comportent pas bien à l'école. Mais parfois, il y a des enseignants qui entretiennent des relations avec leurs élèves filles et cela rend jaloux certains élèves" précise-t-il.

Face à l'ampleur des violences, des associations de femmes ont initié des séances de sensibilisation auprès des enseignants et des élèves dans plusieurs établissements de Niamey.

Rétablir la discipline, restaurer un climat de confiance entre enseignants et élèves, sensibiliser les parents à se renseigner sur le comportement de leurs enfants sont quelques pistes que proposent ces associations féminines, pour réduire ces violences en milieu scolaire.

Auteur: Maimouna Amadou

2024-07-02T09:03:03Z dg43tfdfdgfd