DéCRYPTAGE DU NOUVEAU RéGIME POLITIQUE AU TOGO

La nouvelle loi fondamentale, qui doit encore être promulguée par le président Faure Gnassingbé, acte aussi la disparition du suffrage universel direct dans le mode d'élection du président de la République.

Celui-ci ne jouera plus qu'un rôle honorifique, puisque l'essentiel du pouvoir sera concentré entre les mains du président du conseil des ministres, une sorte de super Premier ministre disposant de larges pouvoirs et qui sera obligatoirement le chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale.

Subterfuge selon l'opposition

Plusieurs opposants affirment que cette réforme est un subterfuge pour maintenir le plus longtemps possible le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. En effet, la nouvelle Constitution ne limite pas le nombre de mandats du président du conseil.

Une inquiétude que partage aussi Clément Klutse, parlementaire suppléant du parti conservateur CDU au Parlement régional de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, et originaire du Togo.

Selon l'Union pour la République (Unir), le parti au pouvoir, le régime parlementaire permettra toutefois de réduire la puissance du président de la République et fera en sorte que les députés soient en mesure d'interpeller le nouveau chef du gouvernement, le président du conseil des ministres.

"Ceci, selon eux, permettrait au chef de l'exécutif d'être plus au courant des réalités et des priorités des citoyens qui seront remontées par les députés élus du peuple, mais aussi les élus des circonscriptions dans toutes les régions du pays", explique Paul Amegakpo, président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance (ITG).

Selon la nouvelle Constitution, le président, désormais sans grand pouvoir, sera élu sans débat par les députés, "pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois".

Les pouvoirs du président de la République réduits

Paul Amegakpo estime toutefois que ce régime parlementaire en voie d'expérimentation ne pourra satisfaire la volonté de changement du peuple togolais.

"Nous pensons que le schéma tel qu'il se présente actuellement est un schéma crisogène, parce que l'aspiration profonde du peuple togolais, c'est de voir s'opérer à la tête de l'Etat une alternance politique, par le changement de personnalité ou alternance politique, par le changement de formation et de régime politique", ajoute le chercheur.

La plupart des pays africains de l'espace francophone ont opté pour un régime présidentiel ou semi-présidentiel. Toutefois, des pays comme l'Ethiopie, Maurice ou encore la Somalie ont des régimes parlementaires.

Dans le régime parlementaire, le gouvernement, qui incarne le pouvoir exécutif, peut être renversé par le parlement devant lequel il est politiquement responsable.

Auteur: Eric Topona

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