JOURNéE VILLE MORTE à BENI EN RDC

Les habitants de la ville de Beni, soutenus par les organisations de la société civile, ont décrété deux journées "ville morte" pour protester contre l’augmentation des attaques de groupes armés durant les quatre dernières semaines.

Depuis vendredi dernier, une vingtaine de personnes ont ainsi été tuées à Beni, mais aussi aux abords de la ville, au cours de deux attaques attribuées aux rebelles ougandais ADF, affiliés au groupe Etat islamique. Mais le bilan pourrait être plus élevé.

Ce mardi (16.04.2024), la majorité des commerces de la ville sont donc restés fermés, notamment au marché central de Kilokwa.

Les écoles et les taxis-motos ont suivi le mouvement. Un sit-in a même été organisé par des jeunes gens devant la mairie de Beni, mais le maire a refusé de les recevoir.

Le correspondant de la DW dans la région, John Kanyunyu, a recueilli les témoignages de quelques habitants de Beni.

"Les autorités de la ville de Beni et tous ceux qui suivent la question de la guerre ici ne démontrent pas leurs capacités sur le terrain, ce qui provoque le soulèvement de la population. La population estime qu'avec ce soulèvement, elle poussera les autorités à mieux faire leur travail et à ramener la paix dans la ville de Beni, comme ce fut le cas dans le passé", dit un habitant.

"Dans quelle ville nous vivons ?"

Un autre habitant de Beni joint par la DW s'interroge : "Dans quel pays et dans quelle ville nous vivons, où une trentaine de personnes sont tuées et personne n'en parle, même pas le maire de la ville ? Il est donc nécessaire que nous organisions cela pour interpeller la conscience des autorités et leur faire savoir que nous sommes fatigués de ces bêtises."

Très remonté contre les autorités, il ajoute que "l'objectif ici est de pouvoir appeler les députés, le caucus des députés du Nord-Kivu, tous ces élus du Nord-Kivu et même ces représentants, les quatre ministres qui viennent de notre communauté nande. Pour que nous revenions à Beni et que nous en discutions entre nous. Donc, ce sera comme une question de dialogue entre nous pour dire les vérités. Pouvons-nous nous désolidariser du gouvernement ? C'est notre objectif, car nous ne devons pas nous prévaloir d'être dans un gouvernement qui ne voit pas le malheur de sa population."

Enfin, cet autre habitant de Beni estime que," s'il arrivait qu'après ces deux jours de ville morte, nous ayons quand même quelque chose qui pourrait nous amener la paix dans les jours à venir, nous sommes d'accord et nous le ferons tous ensemble."

Des manifestants, surtout des jeunes, ont bloqué plusieurs rues et avenues dans les communes de Bungulu et de Mulekera.

Le mouvement de grève va se poursuivre ce mercredi selon les organisateurs.

Auteur: John Kanyunyu

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