UN NOUVEAU DéPART ENTRE L'ALLEMAGNE ET LA POLOGNE

"L'Allemagne n'est pas une ennemie, mais une alliée". C'est avec ce message que le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, fait depuis des mois la tournée des studios de télévision et de radio afin d'insister sur le revirement de la politique polonaise vis-à-vis de son voisin de l'Ouest.

Le changement de pouvoir en Pologne, du gouvernement populiste nationaliste PiS à la coalition de centre-gauche en décembre 2023, a permis de surmonter la profonde crise des relations germano-polonaises.

La Pologne et l'Allemagne ont ainsi donné mardi (02.07) le coup d'envoi à un renouveau de leurs relations, autour d'une coresponsabilité affichée sur la sécurité européenne, de l'aide à l'Ukraine et de l'empathie allemande face à un passé tragique commun.

Premières consultations gouvernementales depuis 2018

Les dernières consultations entre les deux gouvernements ont eu lieu en 2018, bien que le traité de voisinage germano-polonais de 1991 prévoie des rencontres entre les chefs de gouvernement "au moins une fois par an". Olaf Scholz est venu à Varsovie en décembre 2021 pour sa première visite et ne s'est plus montré sur la Vistule depuis. Le précédent pouvoir polonais ayant eu par ailleurs des prises de position ouvertement antiallemandes.

Au cours d'une conférence de presse commune à Varsovie avec le chancelier Olaf Scholz, le Premier ministre polonais Donald Tusk a insisté sur cette coopération nécessaire "à la politique européenne dans son ensemble, à l'avenir de l'Ukraine et de la région".

"La Pologne, l'une des plus grandes victimes de la Deuxième Guerre mondiale, et l'Allemagne, l'auteur de ces destructions, de cette tragédie, devraient aujourd'hui, en tant que nations européennes libres et démocratiques, collaborer efficacement pour garantir la sécurité de l'Europe", a souligné Donald Tusk. Cet ancien chef du Conseil européen a appelé Berlin à jouer un rôle important pour raffermir la sécurité européenne.

De son côté, le chancelier allemand a déclaré que la sécurité de la Pologne était aussi "celle de l'Allemagne, c'est ce qui nous guide en tant que voisins, alliés au sein de l'Otan et partenaires au sein de l'UE".

"Cela signifie précisément que nous (la Pologne et l'Allemagne, ndlr) voulons assumer un rôle de leader dans la région de la Baltique dans le cadre de l'Otan et dans la protection du flanc oriental de l'UE", a poursuivi Olaf Scholz.

Les deux chefs de gouvernement ont par ailleurs réaffirmé leur plein soutien aux Ukrainiens.

La responsabilité allemande

Au niveau bilatéral, les deux pays voisins ont abordé la question délicate des pertes polonaises et de la responsabilité allemande pendant la Deuxième guerre mondiale. Tout en reconnaissant que l'Allemagne "a causé des souffrances incommensurables à la Pologne" au cours de ce conflit, Olaf Scholz a réitéré la position allemande excluant de droit les réparations de guerre à ce pays, que le précédent gouvernement polonais réclamait avec insistance.

"On connaît la position de l'Allemagne sur cette question mais cela ne change rien au fait que nous voulons nous occuper de la manière dont nous pouvons améliorer la situation" en ce qui concerne les victimes polonaises du régime nazi, a expliqué le chancelier allemand, soulignant que les deux pays se penchaient sur les formes possibles que pourrait revêtir ce soutien.

"Il est clair que la mémoire et le travail sur l'Histoire sont des choses qui ne s'arrêteront jamais", a commenté Olaf Scholz qui a annoncé la création, à une date non encore précisée, d'un mémorial à Berlin "pour les victimes polonaises de la Deuxième Guerre mondiale et de l'occupation nazie".

La "Maison germano-polonaise"

Cette "Maison germano-polonaise", a-t-il dit, sera "un signe visible contre l'oubli et un avertissement pour l'avenir". La maison devrait donc rappeler l'histoire commune et la brutale occupation allemande pendant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) et créer un lieu de mémoire pour les victimes polonaises.

Au cours de leur rencontre à Varsovie, les dirigeants des deux pays ont signé un "plan d'action" couvrant plusieurs domaines de coopération, militaire, industrielle, culturelle, et dans l'éducation. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a salué le plan d'action apporté par Olaf Scholz, qui comprend également des mesures pour une coopération renforcée en matière de défense. Tusk a parlé d'une "atmosphère de confiance". Tout comme le chancelier allemand, le Premier ministre polonais a souligné que la question des réparations était juridiquement close. Mais il est important d'ouvrir les fenêtres et les portes et de se parler. Dans quelques mois, on pourra voir des résultats, a-t-il ajouté.

Auteur: Jacek Lepiarz, Reliou Koubakin , Avec agences

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