KENYA: à NAIROBI, LA POLICE TENTE DE DISPERSER DES RASSEMBLEMENTS AVEC DES GAZ LACRYMOGèNES

De nouvelles manifestations antigouvernementales se déroulaient ce 2 juillet 2024 au Kenya sous une étroite surveillance de la police, qui a dispersé avec des tirs de gaz lacrymogène les tentatives de rassemblements dans le centre de Nairobi. Lancée mi-juin sur les réseaux sociaux avec un fort écho au sein de la jeunesse, cette contestation contre un projet de loi de finances s'est transformée en un mouvement national de défiance envers le chef de l’État.

Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix

Nouvelle journée de mobilisation au Kenya. Près d’une semaine après l’annonce du retrait de la loi de finances, les appels à manifester se poursuivent : plusieurs centaines de personnes se sont regroupées dans le centre-ville de Nairobi en fin de matinée, ce 2 juillet 2024.

C’est en costume cravate que Kazmo Mackaure, jeune pianiste, est venu manifester. Il laisse les armures aux policiers. Lui préfère la tenue de citoyen : « Je suis dans la rue pour demander justice, pour demander que le gouvernement arrête de nous tuer, pour demander la paix. Quand on dit Ruto doit partir, on n'appelle pas l'anarchie. On appelle la jeunesse à demander la fin de la corruption, une nouvelle élection et le retour de l'État. » 

Mais, très vite, la police a dispersé la foule. Depuis près de deux heures ce mardi, les policiers kényans patrouillent dans le centre de la capitale et tirent des gaz lacrymogènes. Dès qu’un petit rassemblement se forme, la police le disperse. Des canons à eau ont également été utilisés. Réfugiée dans un hall d’immeuble, Michelle n’en peut plus. « La police devrait protéger les gens, mais dans ce pays, elle les harcèle. William Ruto est un menteur. Il se moque de la jeunesse. Pourtant, la jeunesse représente la majorité des Kényans et elle parle d'une seule voix. Alors, ils déploient leur nez pour nous effrayer. C'est mal, c'est de la folie pure », regrette-t-elle.

Ne laisser aux manifestants aucune chance de rassemblement

Tout a été prévu pour ne laisser aux manifestants aucune chance de rassemblement. Le centre de Nairobi est bouclé par des hommes en tenue anti-émeute.

Fait nouveau par rapport à la semaine dernière, la présence de nombreux policiers en civil, armés de matraques en bois. En face, le mouvement de protestation a complètement changé de nature. La loi de finances est loin : il s’agit maintenant d’un bras-de-fer entre la jeunesse kényane et le président du pays, William Ruto. Dans les rues, on demande la fin des violences policières et justice pour les victimes de la répression de la semaine passée.

Brenda s’interroge sur l’état de droit dans son pays : « J'ai peur d'être blessée, d'être arrêté, que mes amis soient arrêtés. Vous pouvez marcher et vous retrouver au mauvais endroit et au mauvais moment. Des manifestants sont toujours portés disparus, donc c'est effrayant. Cet usage excessif de la violence m'interroge. Est-ce que William Ruto veut vraiment nous écouter ? Je ne me sens pas entendu. » 

William Ruto a lancé ce week-end, les préparatifs pour un dialogue avec la jeunesse. Lors d’une interview, dimanche, il a également mis en doute le bilan des organisations de la société civile. La Commission nationale kényane des droits de l’homme recense désormais 39 morts. Le chef de l’État, lui, n’en reconnait que 19, qu’il a qualifiés de criminels.

Il n’en fallait pas plus pour mettre de l’huile sur le feu. La jeunesse aujourd’hui demande donc le départ du président et appelle à poursuivre la mobilisation jusqu’à dimanche. 

 

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