ACCORD PêCHE MAROC-UE : L’ESPAGNE ENTRE ESPOIRS ET SUSPENS

Dans l’arène politique européenne, le dossier du renouvellement du protocole de pêche entre le Maroc et l’Union européenne semble prendre les allures d’une saga à rebondissements. Cette semaine, le gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sánchez, a fait part de sa position prudente, en réponse à une question écrite du sénateur Caicedo Bernabé, membre du groupe parlementaire du Parti Populaire.  

La réponse, diffusée sur le site officiel du Sénat espagnol, révèle une posture d’attente, en anticipation du jugement de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’avenir du protocole. L’Espagne, qui tire une part significative de ses ressources halieutiques des eaux marocaines, se trouve dans une position délicate. La réponse du gouvernement souligne l’importance de « poursuivre les travaux techniques nécessaires à la rénovation de ce protocole ». Un signal clair de l’engagement de Madrid à maintenir ses navires dans les eaux marocaines, malgré les turbulences juridiques et politiques. 

Les conclusions récentes de Tamara Capita, avocate générale de l’Union Européenne, qui recommandent l’annulation de l’accord, ajoutent une couche de complexité. Toutefois, le gouvernement espagnol rappelle que ces conclusions « ne sont pas contraignantes pour la Cour », marquant ainsi une réserve calculée face à l’incertitude. 

Le protocole, qui permettait à plus de 130 navires européens, dont plus de 90 espagnols, de pêcher le long des côtes marocaines, est expiré depuis le 17 juillet dernier. Sa non-reconduction a provoqué une onde de choc parmi les armateurs espagnols qui se sont empressés de signaler l’impact potentiel sur la flotte nationale. L’absence d’un accord renouvelé soulève des inquiétudes quant à la viabilité économique et sociale de nombreux pêcheurs et entreprises liées à ce secteur. 

Dans ce contexte, le ministre espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, Luis Planas, a également pris la défense de l’accord, affirmant sa conformité au droit international. Sa déclaration lors d’une réunion avec des professionnels du secteur confirme la volonté de Madrid de trouver une issue favorable, malgré les défis posés par les décisions judiciaires et les pressions politiques, notamment de la part des séparatistes du polisario et ses alliés qui contestent l’exploitation des ressources naturelles de la région du Sahara. 

En conclusion, tandis que le ministre marocain de l’Agriculture et de la Pêche, Mohamed Sadiki, indique que le renouvellement du protocole « est entre les mains des Européens », il souligne par ailleurs l’ouverture du Maroc aux partenariats qui respectent la souveraineté des états et l’économie maritime nationale. Reste à voir comment Bruxelles et Rabat navigueront dans ces eaux diplomatiques agitées pour parvenir à un accord qui satisfasse toutes les parties impliquées. Dans cette partie de poker diplomatique, l’Espagne semble déterminée à jouer une main prudente, mais stratégique. 

La question du renouvellement du protocole de pêche entre le Maroc et l’Union européenne est, en effet, une question éminemment stratégique tant pour le royaume que pour l’ensemble de l’Union, notamment l’Espagne dont les flottes bénéficient grandement des droits de pêche accordés par le Maroc. Le dernier protocole signé en 2019 est arrivé à échéance en juillet 2023 et sa reconduction est liée à une décision attendue de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) à la suite d’un appel contre un jugement antérieur qui a annulé l’accord en 2021, en raison de considérations liées au Sahara marocain. 

Malgré à l’expiration du protocole, il est intéressant de noter que l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre les deux parties reste en vigueur, ce qui permet de continuer à travailler sur des aspects importants tels que les campagnes scientifiques, la coopération technique et la lutte contre la pêche illégale. Ce maintien temporaire de l’accord actuel semble témoigner d’une volonté de part et d’autre de poursuivre la coopération dans le secteur de la pêche. 

Dans ce contexte délicat, la Commission européenne et le Maroc ont manifesté leur volonté d’évaluer un éventuel renouvellement du protocole de pêche, avec une décision finale qui serait prise conjointement dans l’intérêt commun des deux parties. Un renouvellement serait bénéfique pour le secteur de la pêche marocain, un pilier économique qui représente plus de 2 % du PIB du pays et génère 220 000 emplois directs. 

L’Espagne, de son côté, a déjà exprimé son soutien à la conclusion d’un nouveau protocole, compte tenu de l’importance de cet accord pour sa flotte de pêche. Avec la décision de la CJUE attendue pour la fin de l’année 2024, le renouvellement du protocole reste donc en suspens, mais les indications actuelles laissent entrevoir une orientation positive vers la poursuite de cette collaboration fructueuse entre le Maroc et l’UE. 

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