AU CAMEROUN, CONTRE SAMUEL ETO’O, TOUS LES COUPS SONT PERMIS

L’Association des clubs de football amateur du Cameroun accuse Samuel Eto’o d’être illégitime à la tête de la Fédération camerounaise de football, pour cause de nationalité espagnole et non camerounaise. Nouvel épisode des tribulations autour de l’ancien attaquant.

Dans un monde contemporain que les devanciers avaient rêvé globalisé et détendu quant aux questions identitaires, les débats sur les nationalités plurielles n’en finissent plus de crisper les mâchoires. Après les imprécations africaines de mauvaise ivoirité ou d’imparfaite congolitude pour détention présumée de passeports étrangers, l’extrême droite française avoue se méfier des binationaux extracommunautaires. Au Cameroun, c’est dans le secteur chahuté du ballon rond que la question de la nationalité refait surface…

Le 2 juillet dernier, l’Association des clubs de football amateur du Cameroun (ACFAC) publiait un communiqué qui ciblait le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Les signataires y affirmaient détenir des « preuves irréfutables qui démontrent que Monsieur Samuel Eto’o Fils a acquis la nationalité espagnole le 1er juillet 2007 […], ce qui l’a amené à renoncer à la nationalité camerounaise de manière formelle ». Entre 2004 et 2009, Eto’o évoluait au FC Barcelone (2004-2009).

Samuel Eto’o et le serpent de mer

La loi sur la nationalité camerounaise stipule, en son article 31 alinéa (a) de la loi n°1968-LF-3 du 11 juin 1968, que « perd la nationalité camerounaise, le Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère ». Depuis plusieurs années, la diaspora camerounaise milite pour la reconnaissance formelle, au Cameroun, de la double nationalité. Le président Paul Biya lui-même songerait régulièrement à l’autoriser, comme en témoignent de récents débats au Parlement.

Dans le secteur du football, particulièrement, il se murmure que plusieurs Lions indomptables bénéficieraient d’un second passeport, sans qu’on leur cherche des poux dans la tête. Jusqu’en 2014, Samuel Eto’o a d’ailleurs représenté son pays natal en équipe nationale. L’ACFAC, elle, affirme pourtant que « l’Espagnol » n’était pas éligible, en 2021, à la présidence de la Fédération. Elle réclame donc sa suspension provisoire par la commission d’éthique, pour tromperie « en toute connaissance de cause » de la « vigilance des membres de la commission électorale ».

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Dans l’hypothèse qu’une enquête confirmerait le « mensonge » d’Eto’o, ce dernier devrait être – toujours selon l’association – suspendu « à vie » de toute activité liée au football, et condamné à rembourser « tous les avantages obtenus de la Fecafoot » et à verser 20 milliards de francs CFA de dommages et intérêts. Ces bisbilles surgissent dans un contexte délétère entre l’ancien attaquant du Barça et les responsables gouvernementaux du secteur sportif, notamment depuis l’accession du Belge Marc Brys au poste de sélectionneur national.

Lavé sur les réseaux sociaux, ce linge sale s’ajoute à des accusations qui ont conduit Eto’o à être entendu, fin juin, par le jury disciplinaire de la Confédération africaine de football (CAF). La décision est toujours attendue, et des détracteurs de l’ancien attaquant de Barcelone – parmi lesquels le général Pierre Semengue, patron de la Ligue de football professionnel du Cameroun – ont écrit ces derniers jours à la Fifa pour lui demander de se saisir de l’affaire et de sévir.

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