AéREZ NOTRE éCOLE PUBLIQUE…

Lorsqu’on évoque la réforme de l’école publique marocaine, on pense souvent à un serpent de mer : on en parle sans jamais le voir, et, dans le cas échéant, sans vraiment en sentir les effets escomptés dans le vécu de notre système éducatif.

Certes une littérature fort abondante est produite à ce propos, des efforts d’adaptation de modèles étrangers ont été réalisés avec, néanmoins, des performances mi-figue, mi-raisin. Et même des chaires ex-cathedra ont été érigées pour permettre à des thésards de gloser sur divers segments allant de la psychopédagogie jusqu’aux didactiques de telle ou telle matière, en passant par la docimologie, les compétences/les performances… Certains de ces clercs ont peu, voire même jamais, pratiqué la vie de la classe et de l’école dans leur environnement réel.

Un des résultats palpables, mesurables et quantifiables de cet intérêt était bel et bien une logorrhée lexicale capable de faire perdre son latin à n’importe quel apprenti-éducateur.

Il est évident que les cadres formel et théorique, les règlementations, les organigrammes, les imports en termes de didactiques sont légion et certains sont, ma foi, fort valables et ont fait, en toute évidence, leurs preuves, surtout en matières scientifiques et techniques où nos étudiants de l’école publique brillent de mille feux : à titre d’exemple l’excellente performances de nos matheux en herbe lors des Olympiades tenues en Afrique du Sud, à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg, le 20 Août 2024, devant leurs camarades de 26 pays africains.

Personnellement, je n’ai aucune envie de revenir sur le dogme (bien effrité de facto) des 4 principes cardinaux instaurés dès l’Indépendance du Maroc, en 1956, pour une école publique marocaine observant la marocanisation, la généralisation, l’arabisation et l’unification…

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce chergui, harmattan ou sirocco, enfin « cette odeur » venue d’Orient ou un nassérisme trop dogmatique, populiste et panarabe à souhait, jusqu’à vouloir gommer via  » Sawt Al Arab « , entre autres, les spécificités ethniques et linguistiques de nations millénaires comme notre Maroc pluriel.

Certes, l’école dans notre pays, comme dans beaucoup de contrées, a toujours été le point nodal d’enjeux politique, social et identitaire. Car définir les finalités, les objectifs… et rédiger, sournoisement, les cahiers des charges pour la confection des différents manuels, incombent au Ministère de tutelle, via les commissions pédagogiques ad hoc, donc sous une autorité politique en exercice.

Avec tout le respect que valent toutes les théories pédagogiques et leurs applications inhérentes à telle ou telle discipline, mes propos cherchent, humblement, à contribuer à l’ amélioration du cadre de vie au sein de nos écoles publiques, par une expérience qui « ne mange pas de pain » , comme on dit, ou très peu.

Aérez nos écoles svp ! Ca sent le renfermé !

Pour chaque lycée marocain de Tanger à Lagouira, il serait bon de recruter des enseignants de langues  » étrangères  » (Français, Anglais, Espagnol, Allemand…) à partir de pays francophone, anglophone, hispanophone, germanophone… Des coopérants ayant un double profil : Enseignement/Animation culturelle.

Une présence étrangère contrecarrerait cette ambiance lourde, monotone, à pensée unique, qui, par exemple, caserait la bonne moralité dans la seule sphère de la religiosité vestimentaire…

Distinguer le Bien du Mal, le Vrai du Faux, le Beau du Laid est un exercice humain largo sensu qui se décline au quotidien.

Ainsi est-il possible voire souhaitable qu’un bon courant d’air frais ouvrirait alors l’esprit de nos jeunes sur la diversité de l’humain et sur la nécessité de consolider, à travers débats et discussions, les arguments pour son identité marocaine plurielle laquelle puise des autres et participe en offrant ce qu’elle de meilleur à l’Autre.

Par ailleurs, la présence , au quotidien d’un regard étranger au sein de nos établissements encouragera, tous les intervenants : Proviseur, association de parents d’élèves…à ne plus tolérer de laisser des classes avec une peinture écaillées et des ampoules grillées ou des sanitaires délabrés…

In fine, et pour l’enseignement des langues proprement dit ,et qui constitue le talon d’Achille de notre école publique, l’émulation s’avèrera efficace : ces coopérants pourront assumer de facto un statut de pôle d’excellence, amorçant ainsi une bonne dynamique et permettront de réduire, par exemple le temps qui suspend son vol lors des interminables  » récréations  » de 10 h et de 16 h , dans les buvettes de nos lycées, autour d’un thé à la menthe et de platées de  » melouis  » (genre de crêpes, en parler safiot) baignant dans le beurre et les sirops de glucose…

Et ce, sans parler des jours ponctionnés avant les différentes vacances du calendrier scolaire.

Il s’agit donc de revenir à / aller vers des Ecoles ( lycées pour commencer ) qui ne seront pas de tristes HLM scolaires ou l’on va  » à la malgré nous « .

Et les heures sup ? on découvrira, sans doute, que ce n’est pas une fatalité!

Le second chapitre qui se doit d’être bien défini est celui de l’animation culturelle et artistique qui consoliderait, à coup sûr, les acquis linguistiques et permettrait de découvrir et d’apprécier les différents modes d’expressions, à travers une multitude d’aires géographiques et culturelles, en intégrant les nouvelles technologies .

Si nous voulons former des compétences humaines à l’aise dans le marché du travail global alias la mondialisation, cela, bien évidemment se prépare, se vit, s’assume, sinon, la déferlante mondialiste sera passivement subie.

Et en tant que nation millénaire, nous nous devons de nous instruire des leçons de notre histoire : Il est loin le temps du sultan Moulay Slimane et son  » Htiraz isolationniste « , c’est plutôt la dynamique de notre Meiji national, alias Moulay Hassan 1er, qui doit nous inspirer.

Un esprit ouvert, cela se bichonne, cela se cultive, et l’on doit le soutenir par des tuteurs efficaces et efficients afin que les prémisses et les récoltes futures soient au diapason de nos « Great expectations « . « Just do it ! »

*FPD Safi – Université Cadi AYYAD

The post Aérez notre école publique… appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.

2024-09-16T20:04:06Z dg43tfdfdgfd