DESCENTE AUX ENFERS EN BIRMANIE : “SAMIR“, UN MAROCAIN TéMOIGNE

En Birmanie, un pays déchiré par la guerre civile et des zones de non-droit, des usines à arnaques tournent sans répit, exploitant des hommes et des femmes pris dans un piège sordide. Depuis des bâtiments anonymes, des criminels orchestrent des fraudes financières sophistiquées, séduisant leurs victimes sur des applications de rencontres ou leur proposant des investissements frauduleux.

Derrière ces manœuvres se cachent parfois des victimes elles-mêmes, arrachées à leur vie quotidienne, contraintes de participer à ces activités criminelles sous peine de sévices physiques.

Cette histoire poignante en Birmanie ou Myanmar, racontée dans un reportage du 20 heures de TF1, nous rappelle l’ampleur et la gravité des défis que posent les mafias numériques dans un monde toujours de plus en plus connecté.

Le calvaire de Samir et de ses compagnons

Samir, un jeune marocain, fait partie de ces personnes piégées. Il pensait partir en Thaïlande pour un emploi dans le commerce en ligne. L’offre d’emploi était alléchante : promesses de salaires mirobolants, meilleure qualité de vie, possibilité d’aider sa famille…

Mais, à peine arrivé à Bangkok, la réalité a rapidement pris un tournant cauchemardesque. Au lieu d’être conduit vers un employeur, Samir a été détourné vers la frontière birmane, où il a été pris en charge par des trafiquants armés.

L’enfer des usines à arnaques des villes clandestines en Birmanie

C’est ainsi qu’il a été emprisonné dans un camp de travail clandestin, transformé en outil de fraude numérique pour des mafias chinoises dans une des petites villes qui ont poussé en quelques années sur la rive birmane de la rivière qui marque la frontière avec la Thaïlande.

Pendant quatre mois, Samir, sous l’autorité de contremaîtres chinois, a dû passer dix heures par jour à utiliser de fausses identités pour arnaquer des femmes occidentales en ligne, leur promettant des investissements en cryptomonnaies et volant ainsi leurs économies.

La moindre erreur dans l’exécution de ces arnaques était sévèrement punie : coups de bâton, électrocutions, et même mutilations pour ceux qui tentaient de s’échapper. Certains captifs ont vu leur jambe coupée, servant d’avertissement à quiconque oserait défier leurs ravisseurs.

Les cités du crime organisé

Les mafias chinoises, sous l’œil vigilant des gardes-frontières birmans, ont transformé ces camps (centre névralgique de la criminalité numérique en Birmanie) en véritables cités fermées à la chinoise, avec des infrastructures modernes, des terrains de sport et même des “bordels“. Ces lieux ressemblent presque à des villes ordinaires, mais derrière ces façades se cachent des réseaux de crimes organisés protégés par des milices locales alliées à la dictature birmane.

Ces groupes paramilitaires, profitant de l’instabilité politique du pays, facilitent l’illégalité la plus totale en échange de gains financiers énormes. Ces activités criminelles sont devenues si lucratives qu’elles dépassent aujourd’hui les revenus issus du trafic de drogue pour les mafias de la région.

On estime que ces fraudes en ligne rapportent environ 15 milliards de dollars, une somme volée à des innocents partout dans le monde. Ces organisations utilisent des logiciels avancés qu’ils ont développés leur permettant de pirater des comptes bancaires et de créer de faux portefeuilles numériques en cryptomonnaie, échappant ainsi aux forces de l’ordre.

Les mafias de l’Asie du Sud-Est, des multinationales du crime, sont ici hors d’atteinte des polices des pays de leurs victimes.

La libération de Samir : une lueur d’espoir

Après quatre mois de captivité, la famille de Samir a réussi à collecter 5000 dollars pour sa libération. Grâce à la coopération avec une organisation humanitaire, il a été libéré dans une petite ville de Birmanie.

Cependant, la négociation a été tendue. Les criminels pouvaient à tout moment revenir sur leur parole, mais après une heure d’attente, Samir a enfin retrouvé la liberté et se trouve en Thaïlande dans un “campground“ ou camp retranché en français. Ses compagnons d’infortune, également rescapés, l’y ont accueilli avec soulagement.

Cette histoire bouleversante met en lumière un problème mondial, celui de l’exploitation humaine par des réseaux mafieux opérant dans l’ombre de pays instables. Elle rappelle aussi que, derrière chaque cyber arnaque, il y a non seulement des victimes financières, mais parfois aussi des individus comme Samir, exploités sous la menace de la violence.

La Birmanie, en proie à une guerre civile et livrée à des factions armées, est devenue une plaque tournante de ces activités illicites. Face à cette réalité, la lutte contre ces multinationales du crime organisé nécessite une collaboration internationale plus robuste et des efforts accrus pour démanteler ces réseaux, protéger les populations vulnérables et mettre fin à ces formes modernes d’esclavage.

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