RAPPORT : DERRIèRE LES COUPS D’éTAT EN AFRIQUE, LA DéSINFORMATION, PRINCIPAL ACCUSé

Dans une ère où la désinformation règne, l’information est désormais une denrée rare. Face à l’avalanche des « informations » qui émerge le récepteur, différencier entre l’information et l’infox n’est plus une tâche accessible. La désinformation amplifiée par la révolution numérique, s’avère être un défi majeur pour les sociétés africaines en voie de développement, c’est ce qu’a été confirmé par un récent rapport publié par le centre africain d’études stratégiques. Ce dernier met en lumière la croissance alarmante de ces campagnes de désinformation, orchestrées principalement à des fins politiques.

Au cours des sept dernières années, une explosion du nombre d’utilisateurs d’internet et des réseaux sociaux en Afrique a été enregistrée. Selon le rapport, « avec 300 millions d’Africains ayant rejoint les plateformes numériques, le continent compte désormais plus de 600 millions d’utilisateurs d’internet et plus de 400 millions d’utilisateurs actifs sur les médias sociaux. Cette croissance exponentielle a conduit à une dépendance accrue aux plateformes de médias sociaux pour l’information, plaçant les utilisateurs au Nigeria et au Kenya parmi les plus assidus du monde ».

Néanmoins, cette dépendance affiche un revers dangereux. Les campagnes de désinformation, ciblant presque chaque région de l’Afrique, ont « directement causé des violences meurtrières, soutenu des coups d’État militaires, et contribué à la corruption et à l’exploitation ». Ces actes de manipulation ont eu des conséquences dévastatrices sur les droits, les libertés et la sécurité des Africains, soulignant ainsi le lien étroit entre l’ampleur de la désinformation et l’instabilité.

Dans le but de déceler les acteurs de cette vague de désinformation, les auteurs du rapport assument que « près de 60% de ces campagnes de désinformation sont parrainées par des États étrangers. La Russie, la Chine, l’Arabie saoudite et le Qatar sont identifiés comme les principaux sponsors de ces campagnes malveillantes. La Russie, en particulier, est devenue le principal pourvoyeur de désinformation en Afrique, parrainant 80 campagnes documentées dans plus de 22 pays, soit près de 40% de toutes les campagnes de désinformation sur le continent ».

De plus, la même source indique que « l’ingérence russe ne se limite pas à la simple propagation de fausses informations. Elle vise également à saper la démocratie dans au moins 19 pays africains, contribuant ainsi à un recul démocratique alarmant ».

Les élections sont particulièrement vulnérables à la désinformation. « Des groupes privés, tels que « Team Jorge » en Israël, sont accusés d’avoir perturbé plus de 20 élections africaines depuis 2015 par le biais de campagnes de désinformation. Parallèlement, certains acteurs nationaux ont également intégré la désinformation dans leurs stratégies politiques lors des élections récentes au Kenya et au Nigeria », rapporte-t-on.

De plus, les pays africains qui disposent de systèmes de contrôles et d’équilibres plus solides sont moins exposés à la désinformation parrainée par des étrangers. Cette observation suggère que la désinformation étrangère vise à soutenir les régimes autoritaires aux dépens de la démocratie.

« L’Afrique de l’Ouest est particulièrement ciblée, représentant près de 40% des campagnes de désinformation enregistrées sur le continent. Le Sahel, en particulier, a été la cible d’une série de campagnes depuis 2018, ciblant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, pays qui ont connu des coups d’État militaires », détaille le rapport.

L’Afrique du Nord n’est pas en reste. L’Égypte est devenue un hub pour la diffusion de la désinformation russe dans la région. En Libye, la désinformation vise à renforcer l’armée du seigneur de guerre Khalifa Haftar, à susciter la nostalgie pour le régime de Kadhafi et à perturber le Forum Politique Libyen.

Face à cette menace grandissante, la liberté de la presse, qui constitue un rempart essentiel contre la désinformation, est en déclin en Afrique. Des législations ciblant la désinformation numérique sont souvent utilisées comme prétexte pour harceler les journalistes.

A cet effet, les responsables sont appelés à adopter des mesures vigoureuses pour contrer la désinformation en Afrique. Cela inclut le renforcement des capacités des institutions médiatiques, la promotion de l’éducation aux médias, et l’encouragement de la transparence et de l’intégrité dans la diffusion de l’information.

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