IA: L'AUTORITé DE LA CONCURRENCE PRéOCCUPéE PAR LA DOMINATION DES GéANTS DU NUMéRIQUE

Dans un avis rendu public, le gendarme français de la concurrence émet des recommandations pour faire face aux "potentielles dérives" liées à cette domination.

L'Autorité de la concurrence a mis en garde vendredi face aux "risques concurrentiels" dans le secteur de l'intelligence artificielle (IA) générative liés à "l'avantage immense" dont disposent déjà les géants du secteur, comme Microsoft ou Alphabet, maison mère de Google.

Dans un avis consultatif rendu public, le gendarme français de la concurrence a identifié plusieurs secteurs susceptibles de présenter des risques d'abus de la part des principaux acteurs du numérique investissant dans l'IA. Il estime ainsi que ces entreprises "bénéficient d'un accès privilégié" à la puissance de calcul nécessaire au fonctionnement des IA génératives, à un large volume de données et à un grand nombre de talents attirés par leurs salaires attractifs.

Inquiétudes partagées

Parmi les exemples cités, l'Autorité de la concurrence observe que la plateforme de vidéos YouTube "offre une source majeure de données d'entraînement pour les modèles d'IA" d'Alphabet, à qui cette plateforme appartient.

L'Autorité s'inquiète également de voir ces entreprises "intégrer les outils d'IA générative dans leurs écosystèmes de produits et de services", comme la fonction Copilot de Microsoft, alimentée par ses propres modèles et ceux de son partenaire OpenAI, leader de l'IA générative, à l'origine de ChatGPT. Elle constate aussi "un manque de transparence" dans les investissements et les partenariats entre les acteurs du secteur, "ce qui ne permet pas toujours de déterminer si ceux-ci peuvent nuire à la concurrence".

"Ces inquiétudes sont partagées par les autorités de la concurrence dans le monde, comme le montrent notamment les investigations en cours concernant Alphabet, Amazon, Anthropic, Microsoft et OpenAI", précise-t-elle.

En janvier, la Commission européenne avait notamment annoncé son intention d'examiner l'investissement de Microsoft dans OpenAI pour vérifier s'il "peut faire l'objet d'un examen au titre du règlement de l'UE sur les concentrations".

Face à ces potentielles dérives, l'Autorité de la concurrence française avance plusieurs recommandations: rendre plus efficace le cadre réglementaire pour pouvoir réagir rapidement en cas d'atteinte à la concurrence, encourager l'innovation en assurant un meilleur accès à la puissance de calcul ou encore renforcer la transparence du secteur. "Il est essentiel que le fonctionnement concurrentiel du secteur soit favorable à l'innovation et permette la présence d'une multiplicité d'acteurs", a-t-elle fait valoir. L'Autorité de la concurrence s'était autosaisie de la question de l'IA générative en février et avait lancé une consultation publique, auditionnant une quarantaine d'acteurs et une dizaine d'associations d'acteurs.

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