CONFLIT DOMANIAL à MATAM : UNE FAMILLE RéVEILLéE ET DéGUERPIE à 5 HEURES à KOULéWONDY PAR DES GENDARMES

Depuis 1953 (soit plus d’un demi-siècle maintenant), la famille Keïta est propriétaire d’un domaine au quartier Kouléwondy, dans la commune de Matam. Malheureusement, il y a 5 ans de cela, ce domaine a été sujet d’un conflit entre les membres de cette famille qui y vivent et une dame du nom de Mafoudia Bangoura qui y réclamait une portion de terre. Le dossier porté en justice à l’époque avait été suspendu. La cause, la disparition sans suite de la partie requérante. Mais ce jeudi, 9 mai 2024, dans les bandes de 5 heures, la surprise fut grande chez les occupants des lieux. Ils ont été réveillés par le bruit assourdissant des violents coups que des gendarmes assènent aux portes de leurs maisons, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Des portes éclatées, des tables cassées, des climatiseurs, des congélateurs et des prises arrachés, des lits et armoires démontés, des effets éparpillés et mis dehors. Voilà l’image que donne le domicile de la famille Keïta. Une famille qui a été déguerpie ce matin avec ses locataires.

« J’étais à la mosquée pour la prière quand ma sœur m’a appelé pour m’informer qu’il y a des gendarmes qui sont venus nous faire déguerpir. A mon arrivée, je suis venu directement m’adresser à l’huissier. Je lui demande de me fournir le papier de réquisition qui leur donne le droit de faire ce qu’ils font. Il m’a répondu qu’il ne peut pas, mais que les lieux seront déguerpis. Alors nous avons décidé de ne pas nous interposer et après faire recours à la loi. Et comme vous avez pu constater, nous sommes désormais dehors. C’est ainsi que nous sommes allés voir le chef du quartier afin de savoir s’il est informé de cette affaire. C’est alors qu’il nous a répondu que l’acte lui a été signifié la veille à 23 heures. De là, nous sommes partis à la commune qui dit qu’elle n’a reçu aucun acte concernant cette affaire. Donc nous sommes confus, car on ne sait pas de qui relève le problème », a expliqué Kerfala Keïta, un des membres de cette famille déguerpie de force.

Depuis plus de 70 ans les Keïta sont propriétaires de ces lieux. La famille y vit de génération en génération.

« Il y a 5 ans de ça, une dame nommée Mafoudia Bangoura était venue se présenter avec des pick-up de gendarmes comme aujourd’hui pour réclamer une portion de terre dans notre domaine. Selon ses dires, notre grand-père avait cédé une partie du terrain à sa grand-mère à elle. On lui demande de montrer les papiers qui prouvent ce qu’elle avance, mais aucun papier ne nous a été présenté. C’est ainsi qu’on avait fait recours à la justice. L’affaire a été suspendue parce qu’entre-temps la dame en question est tombée malade et a succombé à sa maladie. Nous avons voulu poursuivre l’affaire, mais la partie requérante était absente. Personne ne s’est présenté pour la remplacer à l’époque. Alors aujourd’hui c’est avec une grande surprise que nous avons vu débarquer des pick-up de gendarmes », a indiqué Kerfala Keïta.

Les donations ont été attribuées au grand-père de la famille depuis 1953, et la famille possède les « papiers authentifiés ». La famille demande aux autorités de trancher ce qui est juste et affirme qu’elle ignore contre qui elle se bat. Car sur les lieux, seul l’huissier était présent.

Il convient de souligner que ce malheur arrive à la famille pendant que l’un des petits-fils de la famille doit se marier ce vendredi 10 mai. Ils accusent même les gendarmes d’avoir emporté avec eux les valises destinées aux futurs mariés.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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