APPUREMENT DU PASSIF FONCIER AU BURKINA : POURRA-T-ON DéSAMORCER LA BOMBE SOCIALE ?

S’il y a un problème que le gouvernement de la Transition a pris très au sérieux, au-delà de la sécurité, c’est bien la question foncière qui se présente, au Burkina Faso, comme une véritable bombe sociale. Et l’on en veut pour preuves de nombreuses mesures prises par l’Exécutif en lien avec la question : opérations spéciales de contrôle et de retrait des terrains à usage autre que d’habitation, adoption d’une nouvelle loi sur la promotion immobilière, création de l’Autorité nationale de coordination du foncier (ANCF), lancement d’une plateforme de gestion du passif immobilier. Cette dernière mesure vient de clore, le 12 avril dernier, une étape importante qui est celle du recensement des parcelles acquises auprès des promoteurs immobiliers. Même si, pour l’instant, la communication gouvernementale ne permet pas de voir clairement les tenants et les aboutissants de cette opération de recensement, l’on peut déjà saluer cette volonté affichée de prendre à bras-le-corps la problématique du capharnaüm créé par les sociétés immobilières. L’on sait, en effet, que contrairement aux promesses faites à grands renforts de publicité, les sociétés immobilières se sont souvent limitées à une simple parcellisation des vastes terrains arrachés aux propriétaires terrains sans se donner les moyens de les viabiliser. Les acquéreurs se sont parfois ainsi trouvés sans voies d’accès, sans alimentation en eau et en électricité, sans aménagements pour l’évacuation des eaux pluviales et ménagères, etc.

Cette opération portant sur le passif immobilier est une lueur d’espoir pour tous les Burkinabè

L’on imagine donc que le recensement, par le biais de la plateforme de gestion du passif immobilier, permettra de collecter les données nécessaires pour confondre les agences immobilières indélicates et les contraindre à respecter les cahiers de charges. L’on peut aussi espérer que ce recensement permettra aussi de déboucher sur des mesures permettant de maitriser l’inflation des prix de vente des parcelles d’habitation et aussi surtout de pouvoir travailler à régler l’épineuse question des titres fonciers. En effet, l’on sait que certains promoteurs immobiliers ont juste parcellisé et revendu des propriétés immobilières sans suivre les procédures indiquées, rendant, du même coup, impossible l’établissement de titres fonciers à leurs clients. C’est donc dire, au regard de toutes ses attentes, que cette opération portant sur le passif immobilier est une lueur d’espoir pour tous les Burkinabè qui, dans la recherche d’un petit lopin pour se loger, se sont retrouvés pris au piège des sociétés immobilières plus préoccupées à se remplir les poches qu’à servir les intérêts de leurs clients. Cela dit, l’on peut se demander si l’option prise de collecter les données à partir d’une plateforme permettra de disposer de toutes les informations à partir du moment où bien des Burkinabè ne maitrisent pas l’outil informatique. Et cela est particulièrement vrai pour les propriétaires terriens qui, dans le cadre des accords de cession de leurs terres, ont bénéficié de nombreuses parcelles mais qui ne sont pas forcément dans les secrets des circuits informatiques. Il est donc à parier qu’il restera des problèmes résiduels qui peuvent hypothéquer l’opération. Mais gageons que les acteurs étatiques ont prévu une telle situation et que des mesures de rattrapage sont prévues pour faire face à une telle situation.

Sidzabda

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