EXCLU RMC SPORT- 68% DES JEUNES FOOTBALLEURS ESTIMENT QU’IL FAUT ARRêTER AVEC LES CHANTS HOMOPHOBES DANS LES STADES

1.304 jeunes joueurs partout en France, d’Amiens à Strasbourg en passant par les centres de formation de Marseille, PSG, Brest, Nice et Bastia ont répondu aux 35 questions posées par l’association "Foot Ensemble". Au total, 46 structures ont répondu de manière totalement anonyme. Plus de la moitié des jeunes interrogés a 16 ans ou plus. La première question concrète du document pose les bases.

Dans cette question où plusieurs réponses sont possibles: 234 jeunes affirment qu’ils ont déjà été confrontés à une situation de discrimination sur un terrain, 53 dans un vestiaire et 214 durant le temps libre. La discrimination la plus courante est le racisme, juste devant le sexisme et l’homophobie. Le racisme est d’ailleurs souvent cité dans les réponses à la fin du document lorsque les jeunes ont la "parole libre". Certains demandent une lutte plus importante dans le monde du football contre le racisme. Autre résultat, 71% des jeunes interrogés estiment que ça ne leur poserait aucun problème qu’une femme soit leur entraîneur.

L’homosexualité "dérange" 39% des jeunes interrogés

Le document consulté par RMC aborde ensuite la question de l’homosexualité dans sa globalité. "Selon toi, l’homosexualité entre deux femmes est...". A cette phrase, 36,1% des jeunes complètent avec l’expression: "tout à fait acceptable", 30,3% avec "plutôt acceptable", 16,7% avec "plutôt inacceptable" et 16,9% avec "tout à fait inacceptable". Pour la même phrase mais "entre deux hommes", 31,2% des jeunes complètent avec l’expression "tout à fait acceptable", 27,4% avec "plutôt acceptable", 17,9% avec "plutôt inacceptable" et 23,5% avec "tout à fait inacceptable". Enfin vient la question principale de ce document: "Est-ce que l’homosexualité te dérange?". A cette question, 60,7% des jeunes répondent "NON" et 39,3% d’entre eux "OUI". Des chiffres assez proches des années précédentes pour l’association.

Pour ceux qui répondent "OUI", les auteurs de "Foot Ensemble” demandent ensuite dans leur questionnaire d’expliquer ce malaise vis à vis de l’homosexualité. Cette question permet de cocher plusieurs réponses. 351 jeunes affirment que "ma religion me l’interdit", 246 estiment que "ça me dégoûte" et 243 répondent que "l’homosexualité n’est pas normale". 14 d’entre eux vont même jusqu’à répondre que "les homosexuels sont des pervers".

Pour 88% des jeunes, il est difficile de parler de son homosexualité dans le milieu du foot

89,6% des jeunes interrogés par l’association affirment qu’il existe des joueurs homosexuels dans le monde du football. Et 88% d’entre eux affirment qu’il est difficile de parler de son homosexualité dans le milieu du football. Sur les raisons, lors d’une question avec plusieurs réponses possibles, 1.181 jeunes estiment que les joueurs homosexuels n’osent pas en parler à cause du jugement et du regard des autres. 869 ont coché la case "pour la crainte de subir des méchancetés de la part des coéquipiers ou des adversaires" et enfin 549 joueurs ont expliqué que c’est "à cause des supporters".

905 jeunes répondent que c’est "courageux" d’assumer son homosexualité dans le monde du football, 913 estiment cela est "difficile" et 425 "dangereux". Vient ensuite la question: "Que penses-tu de l’homosexualité?". A cette question, avec plusieurs choix possibles, 410 jeunes affirment que "ce n’est pas vraiment normal mais ça ne me dérange pas". Cette réponse arrive en tête devant "cela ne me dérange pas" avec 391 réponses. Enfin, 350 jeunes affirment que "ce n’est pas naturel" et 356 que "c’est un choix étrange". 32 vont même jusqu’à dire que "c’est une maladie". Des résultats assez surprenants lorsqu’au début du sondage, plus de 60% des jeunes affirment que l’homosexualité "ne les dérange pas".

A la question 15, "selon toi, pourquoi certaines personnes homosexuelles sont insultées et parfois rejetées?", 573 jeunes ont coché la case "car on n’a pas l’habitude de connaître des homosexuels". 542 jeunes estiment que "l’homosexualité dégoûte". Et enfin, 563 jeunes affirment que c’est "à cause de la pratique des religions". La très grande majorité des jeunes interrogés considère la personne homosexuelle comme "normale". Les réponses s’enchaînent dans ce questionnaire et certains résultats sont des surprises par rapport aux réponses précédentes.

45% des jeunes ne veulent pas prendre une douche avec un joueur homosexuel

Quelle réaction face à un coéquipier qui annonce son homosexualité, c’est le thème de la question 17 proposée par l’association "Foot Ensemble". 775 jeunes affirment que "cela ne changerait rien". Cette réponse devance "je lui poserais des questions pour comprendre", avec 351 votes. Les réponses "je l’éviterais dans le vestiaire" et "je l’éviterais au moment des douches" recueillent toutes les deux plus de 200 votes à chaque fois.

45,4% des jeunes dans les centres de formation français expliquent qu’ils "ne sont pas à l’aise" de prendre une douche en présence d’un coéquipier homosexuel. 29,4% répondent qu’ils ne savent pas et 25,2% répondent qu’ils seraient à l’aise. A la question 19, "selon toi, est-ce qu’un de tes coéquipiers pourrait parler de son homosexualité sans être rejeté par ton équipe", 54,3% des jeunes interrogés répondent "NON".

84% des jeunes estiment qu’ils connaissent la notion de laïcité. Mais ils sont nombreux à répondre "je ne sais pas" lorsqu’il faut expliquer cette notion. "Le respect des religions", revient aussi très souvent dans cette question où la réponse est individuelle. La religion "joue un rôle" dans la pratique sportive des jeunes interrogés pour 49,4% d’entre eux. Et 87% des répondants estiment qu’on ne peut pas critiquer les religions. A la question, "pour toi, est-ce que l’interprétation des religions est un problème pour l’homosexualité", 43,4% répondent "OUI", 18,9 répondent "NON" et 37,7% répondent "Je ne sais pas". "Ce sont souvent les jeunes attachés à leurs principes religieux qui ont le plus d’arguments sur la question. Ils arrivent à expliquer, développer et légitimer la différence de traitement que l’on peut faire entre une personne hétérosexuelle et une personne homosexuelle, par les dogmes. Il semble également y avoir une résurgence de la pratique religieuse dans les centres de formation, qui favoriserait un certain conservatisme par rapport à l’homosexualité", faisait savoir en 2023 l'association dans son compte rendu.

Les jeunes veulent stopper les chants homophobes dans les stades

Dans la suite de ce questionnaire, 55,6% des jeunes dans les centres de formation estiment que "PD", "tarlouze" ou "tapette" sont des insultes homophobes. 841 réponses montrent que des jeunes ont été déjà insultés sur les terrains de football. Enfin, la grande majorité des jeunes interrogés (67,9%) estiment qu’il faut arrêter avec les chants homophobes dans les stades. Pour eux, cela donne une mauvaise image du football. 760 réponses affirment aussi que le meilleur moyen pour lutter contre l’homophobie dans le football reste la sensibilisation avec les plus jeunes dans les clubs. L’association estime qu’avant la fin 2025, 90% des jeunes des centres de formations seront sensibilisés contre l’homophobie. Et au moins 85% des joueurs professionnels passeront par cette sensibilisation.

A la fin du document, les jeunes joueurs ont une parole totalement libre. Des commentaires sont durs. "Je trouve cela bizarre", évoque un joueur au sujet de l’homosexualité. Et un autre d’ajouter: "la nature est faite pour que les garçons et les filles se reproduisent ensemble. Et non deux hommes ou deux femmes." Certains demandent à "respecter les autres", "tant que les mentalités ne changeront pas, la sensibilisation est une perte de temps", ajoute un autre joueur. Un dernier poursuit: "il faut lutter contre le racisme et l’homophobie car tous ensemble, si nous réalisons des efforts, nous pouvons y arriver".

2024-06-25T12:13:10Z dg43tfdfdgfd