FRANCE-PORTUGAL: ROBERTO MARTINEZ FACE AUX PREMIèRES CRITIQUES

L'état de grâce, s'il a existé, est terminé. Avant d'affronter la France en quarts de finale de l'Euro 2024, Roberto Martinez voit les reproches contre lui prendre de l'ampleur. Pas seulement en raison de la difficile qualification arrachée aux tirs au but contre la modeste équipe de Slovénie. Car depuis le début de la compétition, la Seleção ne convainc guère: elle n'a signé qu'une seule prestation réellement satisfaisante, contre la Turquie (3-0), et a enregistré une défaite cinglante dans la foulée, face à la Géorgie (0-2). Si Cristiano Ronaldo souvent épinglé, le sélectionneur n'est plus épargné. D'autant que sa communication très positive irrite.

"Le seuil minimum est atteint, mais la manière dont le Portugal s'est qualifié pour les quarts de finale combine insécurité et enthousiasme. L'équipe se cherche une identité, et quand on regarde Bruno Fernandes ou Bernardo Silva, on a l'impression que le problème vient de l'ensemble de l'équipe et non de la performance de l'un ou l'autre", observe par exemple le journal A Bola.

"Les conférences de presse de Roberto Martinez commencent à être malhonnêtes", dit pour sa part la journaliste Mariana Fernandes. "Il est impossible pour un entraîneur national et un manager de haut niveau comme lui d'arriver à la fin de ce match (contre la Slovénie) et de dire que l'équipe a très bien joué. Ils n'ont pas mal joué, bien sûr, mais on demande beaucoup plus à des joueurs de cette qualité".

Un coaching surprenant, une gestion de Ronaldo qui agace

La prestation médiocre contre la Slovénie offre toutes les clés pour comprendre les critiques. En matière de jeu, le style ronronnant du Portugal n'est guère une publicité pour le football. Ce qui, comme pour les Bleus, ne serait pas perçu comme un souci avec des résultats plus encourageants et un meilleur réalisme. D'après les chiffres d'Opta, la sélection portugaise est la deuxième équipe des quarts la moins efficace derrière... l'équipe de France.

Le coaching de Roberto Martinez suscite aussi de l'incompréhension bien qu'il ait des problèmes de riche, comme illustré par la sortie de Vitinha à la 60e minute, alors que le milieu parisien était l'un des meilleurs sur le terrain. Ce changement a donné lieu à une bascule sur le plan tactique, avec un passage d'un 4-2-3-1 à un système à trois défenseurs centraux pour mieux ploiter les très offensifs latéraux Nuno Mendes et João Cancelo. Un ajustement intéressant pour certains, la preuve pour d'autres d'un égarement qui dure silencieusement depuis un an et demi. "Les changements ne se font pas en fonction de l'équipe, mais selon les joueurs", a déploré l'ancien attaquant Nuno Gomes.

Et bien sûr, il y a le cas de la gestion de Cristiano Ronaldo, un sujet qui regroupe finalement l'ensemble des prolématiques évoquées. "Là où j’en veux un petit peu à Martinez c’est qu’il nous oblige à égratigner la légende", déplore par exemple Kévin Diaz, consultant RMC Sport. "La question est de savoir s'il doit jouer tous les matchs et toutes les minutes. Il ne s’agit pas véritablement de pointer du doigt Cristiano Ronaldo mais plutôt celui qui le gère. À savoir Roberto Martinez", analyse Nicolas Vilas, journaliste RMC Sport et spécialiste du football portugais.

100% de victoires aux éliminatoires

Tout avait pourtant bien débuté pour le sélectionneur, nommé en janvier 2023 après un fin de règne difficile pour Fernando Santos au Qatar (élimination en quarts de finale contre le Maroc avec les larmes de Cristiano Ronaldo). Le bilan comptable de ses 10 premiers matchs, comptant pour les éliminatoires, est excellent: 10 victoires, 36 buts marqués, 2 encaissés.

Même s'il y avait déjà des arguments pour relativiser, entre le faible niveau des adversaires (Liechtenstein, Luxembourg, Bosnie-Herzégovine, Islande, Slovaquie) et la difficulté dans laquelle certaines victoires ont été obtenues malgré tout (1-0 chez les Islandais et les Slovaques), les voyants étaient au vert pour les observateurs, comme l'explique Nicolas Vilas: "Il a battu le record de buts du Portugal et eu la meilleure défense de l'histoire du Portugal dans une phase de qualification. Tout allait bien pour lui. Il ne connaissait pas vraiment la critique. Il y avait parfois un débat qui surgissait, parfois sur le jeu un peu chiant de son équipe. Mais son équipe était protagoniste et il n'y avait pas véritablement de critiques".

Bis repetita?

Puis des alertes se sont allumées cette année, avec une défaite en mars contre la Slovénie en amical (0-2), puis une autre juste avant l'Euro contre la Croatie (1-2). Et voilà que la machine semble s'enrayer en plein tournoi. Ce qui soulève une question: Roberto Martinez est-il capable de faire gagner ses équipes quand ça compte? Ce doute a aussi habité (puis convaincu) les supporters belges, qui ont eu affaire à lui de 2016 à 2022.

"C'est exactement la même configuration qu'il a connu avec la Belgique, confirme Nicolas Vilas. Avec la Belgique il faisait des qualifs qui étaient parfaites, et arrivé le moment où on l'attendait véritablement et avec une génération exceptionnelle - ce qui est le cas avec le Portugal aussi aujourd'hui - c'est là qu'on attendait des résultats". Reste que Roberto Martinez n'est pas loin de l'objectif de faire finale. Et finalement, les critiques auxquelles il fait face sont sans commune mesure avec celles essuyées par son prédécesseur à l'Euro 2016.

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