EN CORéE DU NORD, éCOUTER DE LA K-POP PEUT COUTER LA VIE

Un Nord-Coréen de 22 ans aurait été publiquement exécuté pour avoir visionné et partagé des films et de la musique sud-coréens, d'après un nouveau rapport sur les droits de l'homme en Corée du Nord. Publié jeudi par le ministère sud-coréen de l'unification, il expose les tentatives désespérées de Pyongyang d’endiguer le flux d’importations culturelles. Les témoignages de 649 transfuges nord-coréens y sont rassemblés.

Selon l’une des déclarations, ce jeune ouvrier agricole, originaire de la province de Hwanghae du Sud (située au sud-ouest du pays), a été exécuté publiquement en 2022 pour avoir écouté 70 chansons sud-coréennes, regardé trois films et les avoir distribués, tombant sous le coup d'une loi nord-coréenne adoptée en 2020 interdisant « l'idéologie et la culture réactionnaires ». Ces informations ont été rapportées par le Guardian.

La K Pop : une arme culturelle ?

L'interdiction de la K-pop fait partie d'une campagne visant à protéger les Nord-Coréens de l'influence « néfaste » de la culture occidentale, lancée sous l'ancien dirigeant Kim Jong-il et intensifiée sous son fils, Kim Jong-un. Permettre à la culture populaire sud-coréenne de s'infiltrer dans la société nord-coréenne pourrait menacer l'idéologie exigeant une loyauté absolue envers la dynastie « infaillible » des Kim, qui dirige le pays depuis sa fondation en 1948. La crainte ultime serait de donner une image positive de leur ennemi du Sud.

Ces dernières semaines, la Corée du Nord a envoyé des milliers de ballons remplis de déchets au-dessus de la frontière. La cargaison comprendrait des tracts anti-Pyongyang, mais aussi des billets de banque et des clés USB chargées de K-pop et de K-dramas.

Une obsession tyrannique

Le rapport fait état des efforts considérables déployés par les autorités nord-coréennes pour contrôler le flux d'informations extérieures, ciblant tout particulièrement les jeunes populations. D’autres exemples de répressions impliquent des punitions pour : les mariées vêtues de robes blanches, les mariés portant la mariée, le port de lunettes de soleil, ou encore la consommation d’alcool dans des verres à vin, toutes considérées comme des coutumes sud-coréennes.

Toujours selon les informations du Guardian, les témoignages mettent en lumière des pratiques tyranniques. Les téléphones portables des Nord-Coréens seraient régulièrement vérifiés à la recherche d’expressions ou d’argot empruntés à leurs voisins ennemis. En effet, si les deux Corées partagent la même langue, de subtiles différences sont apparues depuis la division qui a suivi la guerre de Corée (1950 -1953).

En 2022, la radio Free Asia, financée par le gouvernement américain, a également révélé que le régime dictatorial sévit contre la mode et les coiffures considérées comme « capitalistes », en ciblant particulièrement les jeans moulants, les t-shirts portant des mots étrangers ainsi que les cheveux teints ou longs.

Résister

Malgré ces mesures draconiennes, l'influence de la culture sud-coréenne, notamment des séries télévisées, semble inéluctable, selon le témoignage d’une exilée nord-coréenne. Elle aurait déclaré dans le rapport : « L'influence de la culture sud-coréenne sur la Corée du Nord est très rapide. Les jeunes la suivent et la reproduisent ».

« Après avoir regardé des feuilletons coréens, de nombreux jeunes se demandent pourquoi ils sont contraints de vivre ainsi... Je me disais que je préférais mourir plutôt que de vivre en Corée du Nord », a-t-elle poursuivi dans la presse. Toujours citée par le Guardian, la jeune femme se serait échappée du pays grâce à un bateau en bois en octobre dernier. Elle a exprimé son hostilité à l’égard de son gouvernement : « Bien sûr, nous ne pouvons pas dire du mal de Kim Jong-un en public, mais entre amis proches, entre amants ou avec des membres de la famille, nous disons ce genre de choses ».

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