TOUR DE FRANCE 2024: "ON A EXéCUTé LE PLAN COMME ON VOULAIT", DANS LES COULISSES DU PREMIER COUP DE FORCE DE POGACAR

Une journée au boulot. Ni plus ni moins. Hormis un "vamoooos" lâché pleins poumons par l’infatigable Juan Ayuso au moment de poser son vélo, et une rapide accolade entre directeurs sportifs, le car d'UAE Emirates donne l’impression d’avoir vécu un après-midi plus que paisible ce mardi, lors de la 4e étape du Tour de France. Seuls des fans catalans de Marc Soler venus réclamer un selfie à leur chouchou, et des touristes portugais un peu trop insistants avec Joao Almeida au goût de la police locale, se chargent de faire monter les décibels à Valloire. Le Tour cuvée 2024 vient pourtant de connaître son premier coup de force dans les Alpes. Et il est l’œuvre d’un glouton slovène visiblement décidé à marquer son territoire. Il faut croire que le jaune avait manqué à Tadej Pogacar puisqu’il a laissé Richard Carapaz n’en profiter qu’une journée.

Le tempo imposé par ses sherpas, qu’il s’agisse de Nils Politt sur les portions plates ou de Tim Wellens au pied du Galibier, a vite donné le ton de ce qui allait suivre lors de cette quatrième étape, trait d’union entre l’Italie et la France. Almeida et Juan Ayuso se sont chargés de prendre le relais sur les pentes les plus raides, dans un décor féérique et enneigé au-dessus de 2.000 mètres, pour essorer ce qui restait alors du groupe des favoris et avaler les ultimes rescapés de l’échappée. Une banderille placée à 800 mètres du sommet a fini de faire plier Jonas Vingegaard, incapable de rattraper son rival malgré une descente menée tambour battant aux côtés de Primoz Roglic, Remco Evenepoel et les autres favoris envoyés un peu plus tôt dans les cordes.

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Almeida: "On est fiers de notre boulot"

Au général, voilà Pogacar de retour au sommet, avec désormais 45 secondes d’avance sur Evenepoel et 50 sur Vingegaard. Pas un KO mais un solide uppercut? "C’est une journée parfaite pour l’équipe", résumait à l’arrivée le Français Pavel Sivakov, un des fidèles lieutenants de "Pogi" chez UAE. "On a fait un super boulot, on a vraiment exécuté le plan comme on voulait. On voulait récupérer le maillot en mettant un gros rythme dans le Galibier et surtout prendre du temps sur les concurrents de Tadej comme Vingegaard ou Remco. C’est ce qui a été fait. Tadej était très confiant ce matin, on était tous hyper motivés." Après avoir lâché le jaune lundi, pour s’offrir une soirée allégée en obligations médiatiques, et peut-être se mêler au jeu de dupes collectif, l’objectif du jour était limpide: sortir les crocs dans le Galibier et faire mal à tout le monde.

Ou, selon le langage de Pogacar lui-même, avoir "des grosses couilles" pour remporter cette première bataille. "On a suivi le plan, qui était très bon. Tout le monde a fait du bon boulot, les huit gars ont été parfaits. On est fiers de notre boulot, ça a payé à la fin. C'est juste dommage qu'il y ait eu du vent de face, mais sinon c'est une bonne journée. Pendant toute la dernière montée de 30km, on s'est pris du vent de face. C'était très dur pour tout le monde, mais on l'a fait", savourait Almeida sur son home-trainer de récupération. Le Portugais, que l’on a vu aboyer sur Ayuso au sujet de la tactique à suivre dans le Galibier, se voulait toutefois prudent. Pas question de parler d’un coup de massue, encore moins d’une potentielle razzia des UAE, bien supérieurs dans le Galibier aux Visma-Lease a bike d’un Vingegaard isolé et un ton en-dessous.

Gianetti: "Tadej est plus fort que l'an passé"

"L'objectif n'est pas de faire 1-2-3 sur ce Tour", rappelait Almeida. "L'objectif est de gagner avec Tadej. Si on peut faire un peu plus, on ne se gênera pas bien entendu, mais je suis concentré sur mon travail pour Tadej, c'est ça l'objectif. Le reste, c'est du bonus." Pas question non plus de s’emballer plus que de raison pour Matxin Fernandez, directeur sportif d'UAE: "On a la victoire, on a 45 secondes d’avance sur le deuxième, 50 sur Vingegaard. Mais il n’y a eu que quatre étapes. Ce n’est que la première étape de montagne, il y a encore le contre-la-montre (vendredi), le gravel (dimanche avec les chemins blancs de Troyes)… Il reste des étapes compliquées. On fait étape par étape." Mais alors pourquoi avoir cédé le leadership à Turin pour le récupérer aussitôt? "Ce sont les situations de course", souriait l’Espagnol. "Hier il y avait le sprint, on ne voulait pas de chute. Perdre le maillot n’était pas un problème."

Lancé à l’assaut d’un doublé Giro-Tour de France plus réalisé depuis Marco Pantani en 1998, Pogacar voulait profiter de ce premier rendez-vous en haute altitude pour envoyer un message clair: pour le battre, lui et son armada de galactiques, il faudra être sacrément costaud. "Tadej a dit qu’il se sentait bien ce matin", confirmait son manager Mauro Gianetti. "Il est dans une condition qu’il n’a jamais eue. Il est très costaud, plus fort que l’année passée. Et c’est une bonne chose d’avoir trois de nos coureurs devant au général (Ayuso et Almeida sont 4e et 8e). Le Tour vient de commencer, il faut rester concentré, mais on a bien débuté, on est content. On est peut-être mieux que ce qu’on espérait. On a mis la pression aujourd’hui. On va voir jour après jour, mais c’est vrai que Tadej est dans une très bonne condition. On ne l’a pas caché, il est bien sorti du Giro et a fait une bonne préparation pour le Tour."

Positive attitude chez ses rivaux

Dans le camp d’en face, les éléments de langage n’ont pas traîné. "C'est une petite victoire pour nous d'avoir aussi peu de retard", osait Vingegaard, rejoint dans son analyse par son coéquipier Matteo Jorgenson. "Jonas, je l'ai trouvé bien. Il voulait que ça aille plus vite dans le Galibier pour réduire l'explosivité de Pogacar, mais ni moi ni Wilco (Kelderman) n'étions là. On n’est pas tristes, on avait imaginé qu'on allait perdre du temps cette première semaine, ce n’est pas la fin du monde", assurait l’Américain. Pas d'inquiétude non plus chez Remco Evenepoel, déjà satisfait de se retrouver à la lutte pour le podium. "C'est un très bon début de Tour de France pour nous. La course est encore longue, on ne sait jamais, si Tadej a un jour sans... Il faut regarder notre boulot, notre équipe et sentir nos jambes. On va se battre jusqu'à Nice, ça c'est clair", soulignait le Belge de Soudal-Quick Step, conscient que l'écart creusé par Pogacar n'a rien d'irrémédiable et que l'arrivée finale à Nice, le 21 juillet, est encore très loin.

Avec deux prochaines étapes en théorie promises aux sprinteurs, le prochain gros rendez-vous pour les cadors est fixé à vendredi. Avec un chrono court annoncé explosif dans le cadre majestueux de la route des Grands Crus de Bourgogne.

2024-07-02T18:27:00Z dg43tfdfdgfd